[RP] Prime allégeance - Baronnies & Seigneuries vénales

J'avais enfourché ma monture et à vive allure fait le chemin de Bourga à Limoges.
La lettre d'Arnaut de Malemort avait ete des plus explicites. Se rendre au plus vite à Limoges.
Pour l'occasion, j'avais pris soin de revetir vetements plus seillants qu'à l'habitude. J'aurais deja assez de mal à respecter l'Etiquette sans avoir à me preoccuper de ma tenue.

Aux portes du Chateau, m'ayant annoncé et montré la fameuse missive, on me guida de couloir en couloir.
Qu'il etait sacrement grand ce chateau, un peu frais à mon gout en cet hiver prononcé.
Je suivais à grands pas les majordomes qui se succedaient au changement d'etages. Avec à l'esprit tant de sensations differentes, où la joie et l'etonnement succedaient à une legere angoisse.
Les prochaines heures allaient changé le cours de ma vie.

Je sentis tout le poids des ecus que j'avais du emmener pour ce jour. Me persuadant que c'etait contre l'acquisition d'une terre en notre Bon Limousin et non contre un titre uniquement.

Le majordome marqua le pas devant une porte de service. Je n'aurais pu dire quelle piece en verité se trouvait derriere, à force de tourner et repasser par tous ces couloirs. Il frappa doucement et du entendre réponse puisqu'il ouvrit la porte et m'invita à entrer derechef.

C'etait la salle du trone...les evenements avancaient donc et c'etait de bonne augure.
J'attendis donc qu'on m'invite. J'apercus le Vicomte de Malemort penché sur des parchemins que ne cessaient de lui passer des pages affairés comme dans une ruche. Je ne vis pas de suite la Comtesse. Je fixais mes chausses inquiets de les avoir trop boueuses en une telle circonstance....Juste encore un peu de patience apres de si longs mois d'attente.

Quelques secondes à peine, tout au plus la minute passée...quelques pas derriere mois, un homme et une femme entrèrent à leur tour et me saluerent au passage. Je rendis de sitot ce salut. La femme semblait s'appuyer sur le bras de son époux, fruit d'une connivence que l'on ne retrouve que dans les couples où les gestes expriment plus que les mots. Quoique je n'etais pas expert en la matiere. Je mis meme plusieurs secondes avant d'apercevoir du ventre fécond de cette élégante personne...qui semblait connaitre parfaitement le Vicomte puisqu'elle l'interpella avec grand sourire dans la voix.

Ah, cette personne ne m'etait pas inconnue, mais en quelles circonstances, en quels autres lieux.... Je maudissais ce grand défaut que j'avais de ne pas etre physionomiste...
A peine le temps d'y penser qu'une petite fille deboulait tout de go à quelques pas de ces parents. Elle me devisagea avec toute l'innocence et la bonhommie de son age.
Les parents donnerent l'impression, en balayant le reste de la piece, que d'autres personnes etaient egalement attendues.

La jeune fille avait suivi ses parents avec une joie non feinte. Il faut dire que l'attention que lui portaient Hannibal et Aldraien était une marque d'amour que la Rouquine ne connaissait pas. Elle, toujours habituée à se débrouiller seule, à rester seule et à tout faire seule, se retrouvait soudain dans une grande famille très soudée...
Et ses parents l'emmenaient toujours avec eux, où qu'ils aillent, elle faisait partie du voyage. Ce matin là, elle était encore de la partie. Sa mère était convoquée. Aldraien, Princesse au grand cœur qui l'avait adopté, lui offrant ainsi un nouveau nom, une nouvelle vie. Et bien que cela était important pour la jeune Angevine, ce n'était qu'une poussière dans les relations de l'adulte et l'enfant. La Rousse Modèle Réduit aimait sa mère plus que tout, et la suivait partout la gratifiant constamment de regards émerveillés, c'était son modèle, c'était sa lumière.
Attention n'allez pas croire qu'elle n'aimait pas son père. Elle était tout aussi complice avec lui, son Maître des plantes et huiles.

Sa joie se transforma en émerveillement quand elle franchit les portes du Castel Limousin. C'était bien la première fois qu'elle y mettait les pieds. Suivant de près ses parents, elle pénétra à son tour dans la salle. C'est là qu'elle vit son tonton Arnaud. Bien évidement elle évitait de l'appeler ainsi, ça faisait désordre. Mais c'était un fait, il était son tonton.
Elle s'inclina poliment devant Arnaud et l'autre Messire présent avant de se relever doucement et de balayer de ses émeraudes le moindre détail de la Pièce. Curieuse et émerveillée.
Pourquoi était-elle ici ? elle n'avait pas bien compris. Mais c'était sans doute quelques chose de bien, c'est pourquoi elle était vêtue d'une robe ocre rehaussée de passementeries verte, ses long cheveux roux tombant librement dans son dos. Simple mais élégante.
Lorsque la main maternelle se posa sur son épaule, la Rousselotte se retourna pour adresser un sourire chaleureux à sa Mère.

- Mère, c'est vraiment beau le Château de Limoges. C'est ici que vous travailler pour le Comté ? Père, Mère, Est-ce que nous pourrons visiter après ?

Elle était comme ça la jeune fille, incapable de rester muette, il fallait toujours qu'elle parle et qu'elle pose des questions. Réalisant son petit défaut. Mahelya adressa un sourire d'excuse à Aldraien et Hannibal.

Le dernier arrivant m'etait connu. J'etais en Limousin depuis assez longtemps pour avoir connu son mandat.
Il me salua, rapidement certes, car surement pressé de parler, et de reveler par ses mots, une certaine ironie qui transpirait sur son visage, mélange de sourire, de contentement, et de vigueur. Ca sentait le vieux contentieux.
L'homme gardait un sacré mordant dans ses paroles, meme si le poids des malheurs passés se voyait sur ses épaules.
Je n'aurais pu dire si les minutes qui s'annoncaient auraient le gout du protocole bien léché, ou s'il fallait s'attendre à quelques surprises.
D'ailleurs il manquait pour l'instant l'homme qui avait fait la meme demande que moi.

J'etais conscient qu'on me regardait avec... interrogation...et peut etre meme une légère touche de condescendance dont je n'avais que faire... Je n'etais pas en ce lieu pour faire des ronds de jambes en veux tu en voilà, à qui ce soit. Ni pour attendre la moindre consideration qui flatterait mon petit ego. Je n'avais pas renoué avec le bapteme pour eprouver de tels sentiments. Je n'avais pas le temps ni le luxe pour cela, et un autre dessein m'accaparait deja l'esprit.

Une cérémonie au château.... Punaise, qu'il était emballé à quitter son atelier, il perdait du temps mémorable avec ces ronds de jambes sans fin et pour les connaître il les connaissait. Fut un temps où il avait posé son doux fessier sur le trône dans cette salle, avec tout le protocole volant le confort des coussins comtaux à l'arrière train dragoniesque et à sa clique...

Punaise de punaise que de souvenirs le traversait de part en part en foulant le sol des couloirs du château limousin... Des bons également, des rencontres avec des personnes qu'il estimerait toujours... Mais il était un homme de l'ombre, un homme de conseil, de soutien en toutes occasions. Aujourd'hui encore il épaulait une femme, la femme, sa femme et il aimait ce qu'il était devenu en la côtoyant, il n'avait pas lâché ses travers mais avait de nouvelles sources de plaisirs et celle ci n'étaient pas décriées.

Un coup d’œil vers ses "femmes", Aldraien et Marie Amelya, elles étaient parfaites même dans la simple tenue de son épouse, elle rayonnait. Il lui semblait faire pâle figure à côté, lui qui avait pris à la va vite une énième tenue que sa sœur lui avait fait acheter un jour, tout cela pour faire ressortir son "regard pénétrant".... Baliverne mais bref.

Il se sentait un peu touriste sur le coup reconnaissant plus les domestiques, avec qui il avait tant aimé parler, que les autres invités. Sans retenue, un sourire à tout le monde ça ferait l'affaire.

Il se laissa aller à un joyeux : "Salut frangin, ça faisait un bail... au moins deux jours non ?"

Seleina arriva alors... quelle belle ascension pour la jeune femme. Un peu de retenu et un clin d’œil à sa fille.

Je te ferait faire le tour du propriétaire juste après, il y a plein de choses marrantes à voir...

Sur demande du Vicomte de Malemort, quelques pas de ma part pour me rapprocher de la Comtesse.

Un genou à terre.
Grande émotion en verité, mais voix claire et posée.


Moi, BoskdePortkar, habitant de Bourganeuf, tiens à prêter allégeance
A votre Grandeur Seleina Romans, Comtesse régnante du Limousin et de la Marche.

Je vous reconnais comme ma suzeraine légitime.
Je jure fidélité (obsequium), aide et service armé (auxilium) et conseil (consilium)
au Comté du Limousin et de la Marche, à sa Grandeur Seleina Romans, envers qui va ma prime allégeance.
Je jure de les garder contre tout ennemi extérieur comme intérieur au péril de ma vie.

En cas de conflit entre vous, ma suzeraine , et un tiers, je promets de prendre fait et cause pour vous. Si un conflit devait vous opposer à la Couronne de France et son Régent, je promets de prendre fait et cause pour la Couronne de France.

Que Dieu et Aristote nous garde et nous aide a oeuvrer pour le bien de tous, jour après jour.
Qu'il en soit ainsi Amen.

Je restai genou à terre, attendant la réponse de la Comtesse.

La sincérité transparaissait en cet homme.

Qu'il était bon de sentir cet émoi mélange d'honnêteté et de quelque chose d'autre dont elle entrevoyait les contours. Plus rien n'opposerait cet homme à celle qu'il chérissait entre toutes.

Un sourire éclaira fugacement son visage et c'est d'une voix posée, empreinte de douceur qu'elle répondit, le même accent de sincérité dans la voix :

Seigneur BoskdePortkar, nous recevons ce jour votre serment, et vous promettons en retour protection, justice et subsistance.


Rien d'autre ne nécessitait d'être ajouté. Puis, d'une main légère, elle invita son désormais vassal à se relever.

Premier octroie de Seigneurie vénale de sa vie. Un temps forts pour Marche. Il ne savait pas tellement qui féliciter. Le vassale ? Ou la Suzeraine ? Oh et puis zut ! Il les complimenterait tous les deux !

- Louons le Très-Haut pour ce nouveau lien qui se créer. Voici le contreseing attestant de votre noblesse.

Citation :

Nous, Ingeburge von Ahlefeldt-Oldenbourg, par la volonté de la Reine et du Grand Maître de France, Roi d'Armes de France, et ainsi connue sous le nom de Montjoie,

Savoir faisons à tous présents et à venir :

Qu'en vertu des coutumes et lois héraldiques royales, après consultation du Collège Héraldique de France et en accord avec les coutumes héraldiques locales en matière d'octroi de seigneuries vénales, validons et contresignons la demande de Sa Grandeur Seleina Romans, Comtesse du Limousin et de la Marche, quant à l'octroi d'un fief vénal sur les terres du Limousin et de la Marche à Bosk de Port Kar.

Qu'après recherches héraldiques dûment étayées et validées, confirmons que le fief de Les Billanges est bien fief mouvant du comté du Limousin et de la Marche.

Et qu'en conséquence de quoi, messire Bosk de Port Kar se voit octroyer le fief de Les Billanges, érigée en seigneurie vénale et portera, après prime allégeance en bonne et due forme, « d'azur à la statuette reliquaire d'or représentant Saint Etienne de Muret », soit après dessin :

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En foi de quoi, afin que ce soit chose stable et ferme à toujours, nous avons signé de notre main et fait mettre et apposer notre sceau à cette présente annonce par nous faite et passée et donnée le 26ième jour de janvier de l'an de grâce MCDLX.

Je ne pus contenir un grand sourire comme mon visage n'avait point connu depuis des lustres.
Et me voilà tout penaud de la situation, non pas de la noblesse acquise en ce jour , ni de la vassalité que la Comtesse
m'accordait avec générosité et bienveillance. Mais d'une certaine incrédulité à voir se réaliser le commencement d'une autre vie que j'avais imaginée il y a déjà si longtemps.
J'eusse aimé partager cet instant avec des êtres chers, mais tous, que ce soit mes parents naturels ou adoptifs avaient ete rappelés auprès du Tres-Puissant. Des bribes du passé deboulaient soudainement ...
J'etais accroché à une planche de ce qui restait d'une galère mauresque qui venait de couler en Méditerrannée, fracassée par une terrible tempete. Le vent, les vagues, le gout du sel piquant sur mes blessures, et la mort qui rodait, m'appelant à la rejoindre...L'horreur d'une nuit maudite...moitié vivant, moitié mort. Le sort avait voulu qu'un bateau me repêchât et me rendit à la terre ferme du coté de Marseille. Mon chemin de retour vers le Poitou s'etait arreté il y a sept ans, telle une loque humaine aux faubourgs de Bourganeuf. Ce pays, ces gens m'avaient nourri, logé, veti, adopté comme un des leurs...j'en serais à vie débiteur...
Puis apercevant à nouveau la jeune fillette qui accompagnait ses parents, je chassais ces idées bien sombres du passé pour ne voir qu'un avenir radieux, pressé que j'etais d'avoir moultes enfants à chérir.

Mais à revasser tout seul, j'en oubliais quelques details qui valaient leur pesant d'or .

Votre Grandeur Seleina, ma suzeraine, et Vicomte de Malemort, ...C'est grande joie que vous m'accordez ainsi.

Reculant d'un pas, et révérence en prime.


Je ne saurai vous accaparer plus encore, puisque je presume que vos devoirs vous appellent et se succèdent . Il reste quelques details à honorer de ma part, avant que je puisse aller remercier le Tres-Haut en notre Eglise de Bourganeuf au cours d'une nuit de prieres.

Compréhensive, la brune le libéra par ces quelques mots :

Oui seigneur de (les?) Billanges , hâtez-vous d'aller partager votre joie avec ceux qui vous sont chers, allez festoyer et que le Très-Haut vous bénisse et accède à vos prières.


Puis, croisant le regard de la mignonette, le sien un brin rieur, la comtesse tourna la tête vers Marche, le remercia pour ses bonnes paroles, attendant qu'il annonce le prochain élu pour recevoir son allégeance et qu'il lui soit octroyé son fief.

Jacques était un homme simple. Grand, un peu benêt pour quiconque ne le connaissait pas, mais surtout docile et discret. Ainsi lorsque l'apprenti de Marche avait préparé cette cérémonie, organisant la salle, du gros mobilier aux tentures et tapis qui recouvraient respectivement murs et sols. Les invitations, c'est lui aussi qui les avaient rédigées, usant du scel du héraut qui jonchait sur le bureau de celui-ci comme il était de coutume pour le jeune homme de faire. L'ouverture des portes de la salle du trône ? Lui aussi, le héraut était simplement présent, prêt à recevoir les invités. Il n'aimait pas les honneurs alors forcément cela ne lui gênait pas, il était dans un coin, dos au mur blancs de la salle du trône, muet et attentif. Seulement voilà, à force de voir, il pensait sa-voir. Un peu enhardi par le vin servit aux invités, un peu échaudé par une dispute avec sa promise le matin qui lui reprochait de n'être rien, Jacques se redressa et vint à la rencontre de la petite troupe. Là, après que le premier serment ait été complétement effectué, il déclara

_ "Après cette seigneurie dument baillée par la Comtesse, nous allons passé aux prochains sur la liste, c'est à dire les futurs barons. J'invite l'un d'entre eux a ployé le genou devant sa Grandeur."

Il était souriant, fier de lui même si ses mains étaient moites, presque humides. Il n'en revenait pas de ce qu'il avait fait.