Les Figures Héraldiques A l’origine destinées à distinguer amis et ennemis au cours d’un affrontement (guerres, tournois, etc), les
armoiries sont composées de signes qui étaient appelés
connaissances ou
reconnaissances et qui ultérieurement comprendront des informations sur la personnalité, la famille, l’histoire de celui qui les porte.
Le Style HéraldiqueBesoin fondamental d’une perception à distance sans équivoque et d’une compréhension rapide, le recours au contraste entre couleurs claires et couleurs foncées, aux figures furent employés afin de multiplier les possibilités de distinction.
Leur efficacité repose sur la clarté des contours, voire sur l’exagération de certains détails parfois rehaussés de couleurs tels que les griffes d’un lion, le bec ou les serres d’un aigle, les cornes d’un taureau…
Le style héraldique exclut le naturalisme. S’écartant souvent de la réalité des figures utilisées, il peut les simplifier à l’extrême et les déformer de manière à ce qu’elles occupent la plus grande partie de l’
écu.
Les EmauxDès l’origine, l’héraldique ne se servira que d’un nombre restreint de couleurs qui depuis le XVe siècle portent le nom générique d’
émaux.
Les émaux ordinairement utilisés sont au nombre de sept, auxquels il faut ajouter quelques teintes rares parfois fort anciennes. Ces couleurs sont franches et sans nuances.
Au XVème siècle, les Hérauderies Renaissantes Françoise et Angloise limitèrent l’usage à 6 émaux. Parmi ces émaux, une distinction est faite entre :
- les métaux, au nombre de 2:
- Or - jaune (Or - gold).
- Argent - blanc (Argent - white).
les couleurs (fréquemment utilisées):
Gueules - rouge (Gules - red).
Azur - bleu (Azure - blue).
Sable - noir (Sable - black).
Sinople - vert (Vert - green).et les couleurs rares (rarement utilisées):
Pourpre - violet (Purpure - purpule).
Tenné – orange foncé (Tenné – dark orange).
Sanguine ou Murrey – rouge sang (Sanguine or Murrey - bloodcolor).
Orangé – orange (Tawny – orange)
Cendré - gris (Ash - grey), utilisée pour un lion parti.
Senois - brun rouge (Bay - red brown), utilisée pour un cheval, les griffes et les langues des animaux.
Brun (Brown), utilisée pour des têtes de chevaux, des canards sauvages.
Carnation - rose,couleur de peau (Carnation – pink, flesh color), utilisée pour les sujets humains et spécialement pour les faces.
Brunâtre – brun foncé (Earth – dark brown), utilisée pour les mines, les bras des mineurs (XVIème).
Fer - gris (Grey - grey), utilisée pour les lames des armes blanches et les chevaux.
Perroquet – brun roux (Russet – ginger), utilisée pour le perroquet (XVème) et les plumes de faisans.
Blanc (White), utilisée avec respect pour les manteaux (non en argent mais en fourrures blanches) et pour blasonner proprement certains meubles.Les FourruresDans la seconde moitié du XIIe siècle, les armoiries utilisent en plus des émaux une autre forme de parement évoquant de façon stylisée les
fourrures dont se servaient parfois les combattants pour renforcer leur bouclier (
fourrure signifie doublure en ancien françois). Sur l’écu, les fourrures sont alors représentées par une combinaison d’un métal et d’une couleur.
Le vair, d’usage courant, principalement pour doubler les vêtements est d’argent et d’azur fourrure signifie doublure en ancien français. Sa silhouette stylisée est une sorte de clochettes renversées.
Dans le contre-vair, une rangée (ou une tire) sur deux de clochettes est renversée.
L’hermine, d’argent semé de mouchetures de sable et bien que rare et chère, se retrouve plus souvent dans les armoiries que le vair. A l’origine, les mouchetures, peu nombreuses et de petite taille, étaient dessinées de façon minimaliste. Avec le temps leur nombre augmente tandis que le faisceau de poil les constituant s’épaissit. Sa silhouette stylisée est du aux agrafes ou aux trois épingles servant à accrocher les queues d’hermine aux vêtements et dont les têtes étaient disposées en croix.
Le contre-hermine est constitué d’émaux inversés à l’hermine, de sable semé de mouchetures d’argent.
Au XVème siècle, l’Hérauderie Renaissante Françoise en réglemente l’utilisation au seul usage du vair, de l’hermine, du contre-vair et de la contre-hermine. Cependant l’Herauderie Renaissante Angloise étendit l’usage à l’herminé et au vairé (composition du vair et de l’hermine avec d’autres émaux).
- Hermine (Ermine), argent et mouchetures de sable représentant des queues d’hermine dont la fourrure est rare et très précisée.
- Contre-Hermine (Ermines), sable et mouchetures d’argent représentant des queues d’hermine.
- Erminois, or et mouchetures de sable représentant des queues d’hermine.
- Pean, sable et mouchetures d’or représentant des queues d’hermine.
- Herminé (Erminites ou Erminetes, semée de mouchetures d'hermine, dans des couleurs autre que celles de l'hermine.
Vair (Vair), argent et azur en petits pans imbriqués représentant ventres (blanc) et dos (gris bleu) d’écureuils petit-gris dont la fourrure est d’usage courant.
Contre-Vair (Counter vair), azur et argent en petits pans imbriqués représentant ventres et dos d’écureuils petit-gris.
Beffroi ou Gros Vair (Beffroi or Gros Vair), azur et argent en gros pans imbriqués représentant ventres et dos d’écureuils petit-gris.
Menu-vair (Menu-vair), azur et argent en très petits pans imbriqués représentant ventres et dos d’écureuils petit-gris.
Vairé (Potent or Meirré), semée petits pans imbriqués représentant ventres et dos d’écureuils petit-gris., dans des couleurs autre que celles du vair.La règle de contrariété des émauxSi les
partitions, les
pièces honorables et les
meubles sont affaire d’usage et de répertoire, les émaux ont un caractère doublement remarquable en ce sens qu'ils ont donné naissance à l’une des seules règles du blason au sens strict du terme. Règle qui fut respectée de tout temps et dans tous les pays.
Les origines de cette règle ne sont pas entièrement connues. Elles remontent cependant au besoin fondamental d’une perception à distance sans équivoque et d’une compréhension rapide. Le recours au contraste entre couleurs claires et couleurs foncées explique alors l’usage de cette règle fondamentale.
La règle fondamentale est la règle dite de la
contrariété des émaux : si les figures sont de métal, le champ sera de couleur ou l’inverse et il est interdit de mettre couleur sur couleur ou métal sur métal. Les fourrures déjà pourvues d’un métal et d’une couleur peuvent côtoyer un métal ou une couleur indifféremment. Le blason accepte même les armoiries composées de deux fourrures
Cette règle, destinée à éviter toute méprise dans la reconnaissance visuelle à distance, trouve de rares exceptions dans le cas :
- d’armes dites à l’enquerre (Armoiries de Jérusalem, etc),
- d’écus géométriquement divisés en trois champs s’imbriquant les uns dans les autres (en pairle, etc),
- d’armes écartelées, dont les quartiers peuvent être armoriés indépendamment les uns des autres (la règle de contrariété des émaux s’appliquant uniquement dans le contenu respectif de chaque quartier),
- d’armes divisée, dont les quartiers sont eux-mêmes divisés.
- d’armes dotées d’une figure brochante sur un champ déjà constitué d’émaux alternés.
- des brisures, des petits meubles associés aux figures principales des armoiries,
- des détails accessoires tels que les couronnes, les griffes, les langues, les tiges, les feuilles, etc..
Sources: James Parker, "A Glossary of Terms used in Heraldy" ; Le héraut d'armes, "Les couleurs du blason" et Lilin of Cassel