A propos des Elections Royales : Conférence.

Le retour de Nebisa en Limousin ne signifiait pas seulement la réintégration des valeurs familiales, le réveil de la noblesse, le triomphe de la féminité, non, pour ceux qui partageait le nom de la mirifique comtesse de Ségur, cela annonçait la reprise de l'élégance véritable. Fini les doigts dans les nez, les bas de laine noircit de sueur, et les boules de neige encore fraiche sur les tempes. C'était donc très richement vêtu qu'Arnaut, alors prévôt des maréchaux, fit son entré dans la trop peu utilisé tribune du conseil comtal. Heureusement pour lui, il faisait partie du peu de gens que le ciel chérit et gratifie du don d'agréer.

En pénétrant dans la pièce, une voie de fit entendre, pour présenter aux convives l'identité du nouvel arrivant.

- « Arnaut de Malemort ! Prévôt des maréchaux du Limousin et de la Marche ! Et sa serpillère »

Les derniers mots furent heureusement prononcés de façon inaudible. C'était en effet les rumeurs qui courraient sur l'état de la coiffure du jeune Malemort. Une entrée magistrale que le Malemort conclu par des salutations. A sa mère :

- « Mère »

A Ariadne :

- « Votre grandeur. »

A l'inconnue, sûrement prétendante au trône :

- « Madame. »

Et enfin à Gueldnard :

- « Gueldnard »

Puis il s'avança vers sa mère. De toute évidence, son vote lui était acquis, et aucun discours ne pourrait y changer. Des parts de tartes circulaient dans la salle. Encore un coup de la gloutonne Ariadne... Le Malemort ne put s'empêcher de faire remarquer discrètement à sa mère :

- « Mère, il me faut vous rappeler que pour engendrer un garçon, il faut vous soumettre avec la plus grande rigueur à un régime alimentaire spécifique. Le vin de prune vous est interdis, à moins qu'il n'ait été confectionné par des romaines unijambistes, il paraitrait qu'elles ont la faculté de faire accoucher de garçonnet. Avez-vous pris votre art de saumon ce matin au réveil ? Avec votre fromage de brebis ? Je sais votre goût pour la féminité, mais il faut penser à la transmission de votre nom, et... »

Son esprit vif n'avait pas encore remarqué que l'autre dame présentait également un ventre rond, ce qui répondait à la question de son identité. Aux dernières nouvelles, il n'y avait que deux candidates aux trônes enceinte : Nebisa et ... Béatritz de Castelmaure. S'avançant doucement vers celle qu'il savait être cousine d'Aymeric de Saunhac, l'insupportable collégiens de Saint Louis de France, sans doute l'élève le plus jaloux d'Arnaut l'unique, il lui dit d'un ton légèrement sec :


- « Veuillez m'excuser Votre Grâce, mais l'Eglise, ou du moins Monseigneur Odoacre » Petit rictus à l'écoute du nom du breton, dont la crédibilité n'était pas bien grande.« Semble avoir pris position en votre faveur. J'espère que vous saurez condamner avec la plus grande sévérité l'usage des mots "indigne" ou "incapable" dont il a fait usage pour qualifier ma mère. Car n'est-il pas votre vassal ? Votre avis sur cet annonce m'intéresse au plus haut point. »

En tant que poursuivant d'arme de sa propre mère, il lui semblait avoir vu passer, sans en être totalement sûre, un contreseing d'anoblissement. Son âme ne partageait pas les convictions de l'Eglise à ce sujet. Celle qui se réclamait guide spirituelle ne se montrait très peu active en Limousin. Un désintérêt sûrement bilatéral entre les autorités temporelles et spirituelles. Seul le très noble Childebert trouvait encore grâce à ses yeux. Pour éviter toute fuite, le prévôt fit jaillir de sa poche ladite annonce :

Spoiler:

Saluant l'arrivant d'un sourire, tandis qu'un valet lui présente une coupe de prune également, la Marquise l'invite à s'avancer avant de lui répondre.

Le bonjour Messire Gueldnard, je vais tâcher d'être bréve, pour ne pas vous ennuyer et précise pour que mon discours soit utile...

Mes intentions tiennent en peu de mots... négocier le tournant dans lequel se trouve le Royaume de France pour que le changement de régime, le passage d'une monarchie héréditaire à une monarchie élective, se fasse dans les meilleurs conditions pour tous les sujets du Royaume.

Nous devrons associer l'héritage de notre passé récent aux impératifs de notre nouveau fonctionnement, cela passe donc, dans un premier temps, par la mise au point de nouveaux Statuts au Royaume de France, statuts qui reprendront des points non négociables comme l'intégrité du Royaume de France, les notions d'indépendances ou autres aberrations républicaines ne pouvant exister dans ce monde là, des points comme l'existence des Institutions Royales, car aucun Monarque ne pourra, à lui seul, remplacer 30 personnes au service du Royaume.

Les prérogatives royales devront également être définies, pour protéger le Royaume, il devra être précisé dans quelles mesures le Monarque pourra légiférer, gracier, anoblir, intervenir et comment ces interventions interviendront, de même les devoirs du Monarque seront préciser afin d'empêcher, par exemple, un hérétique ou un traitre au Royaume de se voir assoir sur le Trône de France.

Ces changements, nécessaire, devront être discutés et élaborés avec les Institutions Royales et les Régnants du Royaume et acceptés à la majorité de ces derniers (parce que l'unanimité, soyons réalistes, c'est pas possible ^^).


En outre, la place de la France au sein de l'Europe et la nécessité de nouer des liens d'amitié avec les autres Royaumes me semblent important, apaiser les tensions avec la Bretagne, par exemple, pour que le Ponant ne soit plus en capacité à menacer, insulter, ou mépriser notre Royaume doit être envisagé avec la plus grande attention.

Bon, je pense m'arrêter là dans un premier temps, mais je pense important de vous préciser que depuis des années, je suis impliquée dans les affaires du Royaume, que j'en connais les points forts comme les faiblesse, que je sais les réalités d'un monde ou l'on voudrait faire tant de choses mais ou l'on ne dispose par toujours des moyens nécessaires... n'oubliez pas que choisir un Monarque, ce n'est pas voter que pour un nom, un visage ou une réputation, ce n'est même pas voter un programme, car il serait facile de proposer un cinquantaine de choses, formidables sur le papier et dont on sait qu'on n'en verra pas trois se concrétiser... non... le Monarque que vous élirez ne devra pas tant songer à tenir des promesses, d'ailleurs j'en fais pas, mais tenir face à une situation inextricable, avoir les épaules pour endurer les crises et les pressions, faire face aux imprévus, déjouer les complots, ne pas laisser les ennemis de la Couronne grignoter l'autorité Royale, ennemis internes ou externes, ceux assoiffés de pouvoir, de gloire, de reconnaissance et qui pour cela ne reculent devant rien...

Vous avez pu voir, ici même, ce qu'il advient quand on se perd, quand on est victime de l'incompétence, du manque de morale et d'honneur... ne permettez pas que la même chose arrive au Royaume tout entier.

L'arrivée d'Arnaut mit fin à son discours et c'est avec un sourire rayonnant qu'elle recoit son fils, charmée de le voir si grand et beau, et de se souvenir qu'il était Prévot.... Prévot... son bébé chéri...

Arnaut, je te rappelle que j'ai mis déjà quatre fils au monde et je doute que m'empoisonner fera quelque chose au sexe de celui que j'attends... et ce n'est pas le sujet de la rencontre du jour... De toute façon, Blanche et Foulques sont déjà mes héritiers légitimes...

La suite du discours d'Arnaut ne pu que la plonger dans l'étonnement... Elle ignorait que la jeune Castelmaure avait vassalisé cet Odoacre de malheur... et ne pouvait même y croire tant la chose serait... d'un vulgaire... mais au final, celà expliquerait mieux le pourquoi du soutien de l'Église... entre Clémence qui répondait "oui" à toutes les sollicitations et Béatriz qui se servant de ses liens vassaliques... bel avenir pour le Royaume de France que la perspective de devenir le paillasson de la Curie... mais non, elle n'arrivait pas à croire qu'un seul noble de ce Royaume ferait d'un être aussi dérangé qu'Odoacre son vassal... quoi qu'il en soit, son avis restait le même.

Si je peux me permettre... l'avis de l'Église sur ma compétence supposée m'importe autant que celui des Teutons ... Je ne postule pas comme Pape, mais comme Monarque pour ce Royaume et ... l'Église devrait d'avantage songer à sauver les âmes des Aristotéliciens qu'à gagner des terres en Isle de France ou des manteaux bleus ou des passes droits au vue de leur costume...

Le Régnant de France a le devoir de protéger l'Église et de servir la Foi, mais cela ne veut pas dire laisser les Évêques gouverner à la place des Ducs et des Comtes, cela veut dire que lorsqu'un cardinal se réveille un matin en ordonnant que les provinces du Royaume laissent passer une liste de brigands, il commet un abus et n'a pas à être obéit, et ce sera au Monarque de faire passer le message à l'Église !

La Marquise avait dans le poignet une dextérité sans égale ; voilà ce qui justifiait qu'elle fût Marquise : le geste juste, le mouvement élégant, tout comme elle devait l'avoir été à chaque fois qu'elle avait rempli son office pour le Roi. Il fallait des épaules pour endurer une telle charge, et la jeune Duchesse de Nevers n'avait jamais douté que la Malemort les eût, pour les trop rares occasions où elle l'avait croisée dans l'exercice de ses fonctions ; en vérité, elle se souvenait surtout du bal royal, mené de main de maître, et qui eût pu être parfait, si elle-même n'avait pas été si... brouillonne, impulsive, enfantine...

Elle prit le verre de prune en remerciant, et passa la main, par réflexe, sur son ventre encore rond, mais qui ne contenait plus aucun enfant à venir : le jeune Franc avait vu le jour une dizaine de jours plus tôt, dans la forteresse des Dames Blanches. Qui l'eut cru ?

Elle prit également place sur la banquette avant de dire, en écho à la Magnificence (si si, je n'en démordrai pas plus que Béa ! y'a trop peu de gens à qui on peut le dire ^^) :

-"A Sa Majesté, le Roy Lévan."

Etrange toast, en vérité. Sa Majesté qui ne l'était plus, Sa Majesté qu'elle aimait tant...

Un homme arriva et se présenta. Béatrice le salua et l'écouta attentivement. La Marquise répondit. Un autre arriva, jeune, les traits nobles, un Malemort, et parla... à en faire froncer les sourcils de la Duchesse, qui put finalement répondre :

-"Messire de Malemort, il nous est douloureux de devoir vous détromper de vos convictions en guise de salut ; mais nous ne connaissions par le Primat de France, sinon de nom, voici un mois encore. Nous l'avons, depuis, rencontré une fois, ce qui ne saurait tisser entre nous des liens assez forts pour être mués en vassalité. Il ne tient aucune terre de nous et ses mots n'engagent que lui et l'institution qu'il sert. Nous nous garderons bien de les interpréter, il s'agit du point de vue de l'Eglise qui a ses propres exigences quant aux vertus que doit posséder le Roi de France...

Pour notre part, nous n'avons rencontré qu'une fois Sa Magnificence votre mère (et de trois ! je le ferai jusqu'à la fin des temps*, dussé-je me prendre un tonneau de prune dans les dents) dans des conditions qui ne nous ont pas fait douter de sa grande capacité à diriger une équipe. Nous ne savons le reste de ses actes et compétences que par ouïe-dire, et nous accordons assez peu de crédit aux rumeurs, bonnes ou mauvaises, mais il nous semble que les défauts que lui trouve l'Eglise ne peuvent masquer tout à fait son grand mérite qui lui valut d'entrer à la Pairie et d'obtenir le Marquisat de Maintenon."

Se tournant alors vers le conseiller comtal :

-"Messire, veuillez nous pardonner d'avoir commencé par rectifier brièvement ce qui devait l'être.
Nous présentons désormais, succinctement, nos idées, plus développées dans notre programme que vous pourrez trouver à la sénéchaussée... ou que nous pourrons développer nous-même pour vous, puisque vous poserez sans doute des questions."

Elle regarda les autres personnes présentes, puis dit :

-"Tout d'abord, une présentation succincte : Béatrice de Castelmaure-Frayner, de noblesse bourguignonne et toulousaine, fille de deux défunts Pairs de France, Charles de Castelmaure et Lhise de Tapiolie. Nous avions commencé à nous investir dans les institutions royales au poste de greffière à la Cour d'Appel, quand un événement d'ordre personnel nous éloigna de la vie active tout d'abord, de la France ensuite. Nous avons épousé un noble d'Empire, où nous l'avons suivi quelques mois, le temps d'accéder à la tête de la Hérauderie Impériale et de lui rendre dynamisme et rigueur juridique.
Nous sommes finalement revenue en France, où se trouve notre coeur. Nous avons exercé et exerçons encore quelques charges en Bourgogne. Maire adjointe, Présidente du Collège de la Noblesse, ambassadrice, notamment.

Outre notre programme, que nous vous résumons juste après, nous pensons avoir les qualités (déjà démontrées à la tête de la Hérauderie Impériale) propres à rassembler et gouverner : écoute, diplomatie, aucune impulsivité, détermination, éloquence.


Voici donc, en résumé, notre vision du Royaume de France...

Tout d'abord, la France est composé de deux entités, le Domaine Royal et les Provinces vassales de la Couronne de France. Les institutions royales servent le Roi au sein du Domaine Royal et ont, dans certains cas, des prérogatives hors Domaine Royal.
Ces institutions ont prouvé leur valeur et leur rigueur. Leur compétence n'est pas remise en cause. Leur fonctionnement se verra nécessairement recadré par la présence d'un Roi intéressé par les affaires de son Royaume. A titre d'exemple, la Pairie retrouvera son rôle de conseil, qu'elle avait pour quelques affaires troqué contre un rôle plus décisionnel, pour pallier l'absence de Roi. Ces institutions, dans un cadre de réécriture de certains protocoles, devront gagner en efficacité ; en somme, poursuivre et accentuer la quête actuelle d'efficacité et de qualité de l'action des institutions royales.

Par ailleurs, la mise en place d'Etats généraux est envisagée afin de modifier les modes d'expressions et de représentation du peuple du Royaume de France.
Il faut, à ce sujet, prendre véritablement en compte la distinction entre le gouvernement du Domaine Royal et les rapports avec les provinces vassales du Royaume. Il est important de bien définir les pouvoirs des régnants du Domaine Royal et les pouvoirs de la Curia Regis dans le Domaine Royal. Ces deux entités ne doivent ni se faire concurrence, ni avoir les mêmes attributions, ou ce serait effacer l'une au profit de l'autre.

Concernant le Domaine Royal, il conviendra de comprendre la position qu'occupent les régnants et leur ménager un espace de dialogue propre, pour ce qu'ils sont les administrateurs du Domaine du Roi et ne peuvent être tenus écartés de son gouvernement.

Concernant les provinces vassales, notre objectif sera de rendre aux provinces vassales leur liberté de gouvernement et de désignation de ses représentants. Le régnant d'une province vassale de la Couronne ne doit pas être vu comme un simple gestionnaire. Il est le dirigeant de son peuple et doit disposer de pouvoir réels, à valeur perpétuelle. Notre règne aura pour point cardinal de reconnaitre l'autonomie politique et stipulera officiellement la compétence de chaque province, dans le cadre de l'équilibre politique essentiel entre les institutions royales et les provinces, afin de ne pas instaurer une relation dirigeant-exécutant, mais une relation de devoirs réciproques."

Une lampée de prune et c'est reparti :

-"Le Roi de France est source de tous les Pouvoirs qu’il tire du Créateur par le truchement de son sacre et du peuple, comme l'explique Saint Thomas. Dans toute la mesure du raisonnable, il impliquera les autorités religieuses dans son exercice du pouvoir.

Nous comptons donc, avec le sens des responsabilités et d'ouverture qui nous habite, poser les fondations de cette nouvelle monarchie élective d'essence féodale, aristocratique et « libérale », de créer en sus de l'émulation et du dynamisme par le haut, les arbitrages d'où découleront la forme coutumière d'exercice de la fonction royale. Tout cela en prenant appui sur les conseils avisés des vassaux de la couronne, des institutions compétentes, et de l'expérience des plus remarquables et reconnus serviteurs du Royaume... car dans tous les domaines, notre intention est de discuter les réformes avec les personnes concernées (officiers royaux, grands feudataires, Etats Généraux, etc.), afin d'en tirer pertinence et soutien, de sorte qu'aucune réforme ne sera imposée et ne devrait faire du tort à ceux qu'elle concerne, personnes morales ou physiques."


*Sauf s'il est mué en un "Sa Majesté", ça va de soi ^^

Alors qu'on vint apporter du vin au Malemort, celui-ci fit renvoyer le domestique, afin qu'on lui aille quérir son habituel lait chaud. Accoutumé aux excentricités, mais non pas caprice car capricieux il ne l'était point, du jeune Malemort, il fut servit prestement servi en lait. Tout en dégustant son délicieux breuvage, avec bien sûr un peu de miel et de poudre de corne de licorne pour relever le goût et chasser les mauvais esprits, Arnaut écouta la réponse de la Duchesse de Nevers, il fut quelque peu surpris de sa réponse. Odoacre... Odoacre... Primat de France ? Grand Dieu, alors Odoacre n'était pas plus breton qu'un toulousain, ce qui expliquerait certainement son rictus solitaire.

- « Voila qui est fâcheux votre grâce. Je vous en prie, excusez mon ignorance. » Il s'abstint de rajouter qu'elle ne découlait sûrement que du manque d'information en provenance de Paris. Etait-ce de la mauvaise foi de la part du jeune prévôt ? Oh oui, à n'en pas douter. Puisque sa première offensive pour décrédibiliser la candidate bourguignonne avait échoué, il attaqua une seconde foie :

- « Mais votre grâce, vous pensez-vous capable de porter la couronne de France alors que vous êtes... heu... enceinte ? Peu sont les femmes qui comme ma mère, savent enfanter sans défaillir. » Un petit regard satisfait à sa mère. Un attaque doublée d'un compliment. Le sourire du Malemort se mua en béatitude, certains de maîtriser avec perfection l'art de la rhétorique, et de savoir questionner là où cela fait mal.

Grâce à la duchesse de Nevers, le petit bonhomme fit un pas de géant dans sa considération des femmes enceintes. Au discours de la candidate royal, il se contenta d'émettre un long et savoureux :

- « Aaaaaaahhhhhhhh!!!! J'ignorais qu'il fallait obligatoirement avoir un gros ventre pour être enceinte... Excusez encore une fois mon ignorance, mais nous n'avons pas encore abordé ce chapitre au collège Saint Louis de France. »

Oh oui, les beautés et principes de la nature se révélaient à lui dans un sens plutôt tordu. Se tournant vers la Comtesse Ariadne, d'un ventre plus plat que plat, aux seins pourtant charnus, le monstre de culot lui dit :

- « Alors votre Grandeur Ariadne, vous n'êtes pas enceinte ! Vous auriez tout de même pu me le dire. »

Personne ne savait vraiment d'où le Malemort tirait cette idée. Sauf bonne nouvelle récente, rien ne laissait présager de la grossesse de la comtesse du Limousin. Etait-ce les nombreuses boules de neige en pleine face ? L'exploitation honteuse de sa naïveté par deux ou trois membres du conseil, Seleina et Zeinar pour ne pas les citer, qui, en sus, le surnomme secrètement tête de balais à chiote ? Visiblement rassuré par les propos de Madame de Castelmaure, dont le nom ressemblait étrangement à un mélange de Malemort et de Castelcerf, il dit à sa mère :

- « Voyez mère ! Sa Grâce ici présente a déjà eu deux fils... J'dis ça j'dis rien... »

Et pour se rendre encore un peu plus intéressant, il était à deux doigts de sortir le très légendaire : [...]

Aprés que la Duchesse eut achevée son intervention, la Malemort répond à son tour.

La Bretagne est officiellement un Royaume souverain et il serait illusoire de penser revenir là dessus, malheureusement, il y en France comme en Bretagne des gens que la perspective d'une Paix entre nos deux Royaumes dérange, des foudres de guerre et des amateurs de chaos.

Je crois en une relation sereine avec la Bretagne, dés lors que le respect mutuel sera instauré, un respect qui passe par établir, une fois pour toutes le principe de "pas d'armée à toi chez moi sinon armée à moi, chez toi"... cela me semble être un minimun.

Ainsi, les buts de l'Alliance du Ponant pourront se concentrer sur autre chose que la visite en armée du terroir de France et cette perspective m'apparait comme réjouissante.

Pour ce qui est de l'Artois... la province, parmi les plus anciennes du Royaume souffre d'un manque de confiance vis à vis de la Couronne, une bréche dans laquelle les bourrins, engeance méprisable, ont pu se faufiller pour distiller rancoeur et mensonges... le temps et une attention soutenue vis à vis des Artésiens ne pourra que venir à bout de cette situation... bien entendu, leur rappeler que "non Compiégne ne redeviendra pas Artésienne" et que "Non, on sortira pas la Champagne du Domaine Royal pour que Compiégne puisse etre récupérée par les armes" demeurera d'actualité.

Pour ce qui est de l'Anjou... la situation m'y semble dramatique. La province angevine a toujours été particuliére, cible de bien des attentions, rarement honorable. Actuellement, et depuis quartre mois, l'Anjou se choisit pour dirigeant un ennemi de la Couronne, le Vicomte Finam, connu pour avoir osé, maintes fois, s'en prendre au Comté du Maine... et la Couronne ne peut reconnaitre comme Son Feudataire un traitre de cet accabit... constaté que nul ne se dresse pour remédier à cette situation et que l'Anjou fait le choix de la mise au ban du Royaume et pour moi une inquiétude réelle, d'autant plus forte que j'ai fais la guerre en Anjou, souffert dans leurs geôles pour voir un jour l'Anjou et la France réunies... nous y étions arrivé mais la guerre avec le Poitou et l'intégration au Ponant ont détruit les progrés constatés en Anjou et, à nouveau, la Couronne va devoir rappeler à ses sujets que son amour et son attachement sont inconditionnels ... mais ne vont pas sans des devoirs inalliénables.

Concernant les Lions de Judas, comme tous les autres bandits, Hydres, Lunes pourpres, Papillons roses ou Lutins culs de jattes, la fermeté devra prévaloir et la coopération entre les provinces aller de paire... Je suis favorable à l'extention des mesures de retorsion vis à vis des brigants existant au sein du Domaine Royal à l'ensemble des Provinces vassales, mais cela ne pourra se faire qu'à l'assentiment collectif et donc être discuté au Conseil des Grands Feudataires... pour ce qui est de Rome, elle pourra compter sur l'aide de la Couronne, dés lors qu'elle se souvient de la différence entre "demander" et "exiger".

Nous pourrions parler aussi de l'Alençon, victime de l'Hydre ou ces derniers s'installent et menacent continuellement l'autorité royale et les légitimes conseillers ducaux, nous pourrions parler du Maine qui vit encore la semaine passée une armée arrivée de Bretagne lorgner les murailles de Laval...

Le Royaume est menacé, le Royaume est attaqué, mais le Royaume est fort et jamais, quand le besoin s'en est fait sentir, ses sujets ne se sont détournés et ont refusé de répondre à l'appel... je suis persuadée que cette Union sacrée perdurera, dés lors que le Monarque élu pourra démontrer son amour désintéressé, son intégrité et son soucis de protéger et servir ... alors nous serons sur la bonne voie, la voie de la pérennité, de l'avenir, la voie pour construire et établir les nouveaux Statuts du Royaume de France, alliant l'héritage des Levanides aux impératifs de notre temps et permettant l'avénement de nouveaux Monarques à la hauteur des attentes des hommes et des femmes constituant ce Royaume qui est le notre.

Elle salua les prétendantes. Heureuse que sa mère soit là mais intimidée tout de même. La toute jeune fille n'avait jamais encore eu le temps de faire ses premiers pas dans la cour et elle ne savait pas encore comment bien s'adresser aux dames de ce rang, sa mère étant la seule qu'elle connaissait, hormis les dames du Limousin mais là les relations étaient autres. Une question lui trottinait dans la tête. Elle s'avança donc. Se fendant d'une jolie révérence elle prit donc la parole

Mesdames bonjour, Permettez moi de poser une question.
Beaucoup de maladies ont décimé les villages. Les naissances se font donc plus rares. Le Royaume est en crise et de ce fait les mines ne sont plus remplies et le commerce se fait difficilement.
Auriez-vous un remède qui pourrait faciliter les choses au niveau de tout ceci?

Pouf Ari au pays des rêves... c'est l'effet que fait la prune sur la rosebonblonde après qu'elle ait, comme les deux femmes levé son verre à sa Majesté Levan III. Elle avait assisté au mouvement du poignet de la marquise et comme par magie la boisson était apparue. Vite réveillée par l'arrivée de Gueld, suivi de peu par Arnaut et tous deux posèrent question et eurent réponse, ce qu'elle écouta attentivement, bien que n'en ayant pas pour le moment elle-même. Puis Arnaut parle de grossesse... Elle se retient à grand peine d'exploser de rire et elle fait un petit signe discret à Aloïs qui lui tend un petit écritoire sur lequel elle couche quelques mots... cependant qu'arrive une autre Malemort : Louise, qui faisait d'ailleurs un excellent travail aux mines. Tout en écoutant les paroles des uns et des autres, elle écrit rapidement...

Citation :

Saperlotte Arnaut !

N'as-tu donc rien compris ? Je ne suis pas devenue mère, mais grand-mère ! Tu peux toujours chercher chez moi les traces d'une grossesse... Elle n'existe pas. A mon grand dam soit dit en passant. C'est ma fille Lafaria qui a accouché fin novembre de jumelles.

plie le message et note le nom du jeune prévot que le secrétaire puisse le lui transmettre puis fait un clin d'oeil discret mais amusé au destinataire